T’as d’beaux yeux, tu sais !

Obligés de porter des masques en société, nous voilà privés d’une partie des expressions faciales. Même inconsciemment, lorsque nous interagissons, nous sommes capables de décrypter un certain nombre d’émotions grâce aux micro-expressions. Or, la zone de la bouche est cachée, retenant de précieuses informations telles que : un sourire franc, des lèvres pincées, un rictus, la coloration, une moue de dégoût, un léger tremblement….

Il va falloir donc s’habituer à concentrer son attention sur le regard pour mieux discerner les émotions et les intentions de son interlocuteur. Paul Claudel ne disait-il pas avec poésie : « les yeux sont les miroirs de l’âme » ? Le contact visuel est fondamental dans toute interaction lorsqu’il s’agit de créer le lien, d’attirer l’attention, d’inviter à l’échange, d’être présent et aussi de percevoir (attention toutefois : à plus de 2m50 de distance, il est très difficile de discerner si quelqu’un nous regarde vraiment dans les yeux !).

Des informations sur les émotions et réactions de l’autre seront fonction de l’intensité du regard, de sa fixité, de sa direction, de la durée. Le regard peut être arme fatale de séduction quand il « dévore » mais aussi envoyer des signaux qui vont de l’ennui, la fuite à la colère, l’agression, la domination, la provocation. Le regard peut alors « déshabiller voire fusiller » !

Si vous avez une bonne vue (distance de sécurité sanitaire oblige !) intéressez-vous aux pupilles de votre interlocuteur. Saviez-vous que les pupilles, chez les êtres humains, comme chez les chats, peuvent se dilater ou se rétracter traduisant un état d’intérêt certain, de plaisir et de bien-être ou au contraire un état d’anxiété voire de rejet ?

Un indice non négligeable est le clignement des paupières. En temps normal, nous clignons des yeux environ 20 fois/min. Les battements de paupières s’accélèrent ? Votre interlocuteur est alors en prise avec une tâche difficile à résoudre. Il peut également manifester un état d’inconfort, voire de stress. Et c’est peut-être du au fait que vous l’ayez fixé sans interruption parce que « vous n’avez pas froid aux yeux » ou que vous vouliez lui en mettre « plein la vue » ?

Enfin, au cours de la conversation, si votre interlocuteur dirige ses yeux vers la gauche, il est à la recherche de souvenirs du passé. Ses yeux se portent vers la droite ? Il imagine, il élabore quelque chose de nouveau.

Il y a un proverbe – oriental, je crois – qui dit : « Qui ne comprend pas un regard, ne comprendra pas mieux une explication ».